Préambule
Partout dans le monde, on observe une montée des idées réactionnaires et discriminantes, qui prennent de l’ampleur notamment à cause de la désinformation. Alors, à la CSTE, syndicat étudiant du Haut-Rhin, on a pensé un guide de lutte contre les discriminations et les violences sexistes et sexuelles à l’université, lieu d’émancipation et outil contre l’obscurantisme. Et ça, justement parce qu’on avait envie et besoin de contrebalancer le discours ambiant, donner des clés de compréhension avec pédagogie et donner les ressources nécessaires en cas de discriminations.
Si dans ce livret on a séparé les oppressions page par page, elles ne sont pas pour autant indépendantes les unes des autres et doivent être envisagées comme faisant partie d’un même système qui les nourrit et qui en est la cause. C’est pour ça qu’on parle d’intersectionnalité : c’est une notion sociologique qui désigne la manière dont les différentes formes d’oppression (comme le racisme, le sexisme, le classisme, le validisme, l’homophobie, la transphobie, et d’autres) s’articulent et se renforcent mutuellement. C’est un concept créé en 1989 par la juriste féministe afro-américaine Kimberlé Crenshaw.
Cette notion est essentielle pour comprendre la complexité du système de domination, et est nécessaire aussi pour comprendre et remettre en question chacun de nos privilèges : ce n’est pas parce qu’on subit une ou des oppression⸱s qu’on ne peut pas être oppresseur⸱se.
C’est d’ailleurs pour cela que l’on parle de misogynoire quand une femme noire subit du racisme et du sexisme : elle subit une forme particulière de sexisme dû au racisme qui s’y combine. Au même titre qu’une femme handicapée va subir des discriminations propres à la conjonction entre validisme et sexisme, et idem pour la transmisogynie, etc.
Sommaire
Intersectionnalité :
Crenshaw, K.-W. et Bonis, O. (2005). Cartographies des marges : intersectionnalité, politique de l’identité et violences contre les femmes de couleur. Cahiers du Genre, 39(2), 51-82.
Validisme :
Beaudouin, V. (2023). Les violences sexistes et sexuelles dans l’enseignement supérieur. Dans F. Belghith, M. Couto et O. Rey Être étudiant avant et pendant la crise sanitaire : Enquête, Conditions de vie 2020 233-235. La Documentation française. https://doi.org/10.3917/ldf.belgh.2023.01.0233.
Observatoire des Violences Sexistes et Sexuelles dans l’Enseignement Supérieur. (2024, septembre). Derrière les Rites Étudiants : Enquête sur les événements d’intégration dans l’Enseignement Supérieur français. Enquête intégration 2024. [https://observatoire-vss.com/enquete-dintegration-2024]
Racismes :
Bozec, G., Blassel, R., Rodrigues, C., Schuft, L., Hamel, C., Karimi, H., Weiss, P.-O., Morand, L., Cognet, M. & Dhume, F. (2024), Dénoncer les discriminations vécues à l’université : entre silence, révélation et signalement, Paris, Défenseur des Droits, coll. “Eclairages”.
Weiss, P.-O., Bozec, G., Hamel C., Bao, T. (2023), « Les discriminations vécues par les étudiant·e·s à l’université. Premiers résultats de l’enquête ACADISCRI dans un établissement de la région parisienne », Diversité [En ligne], n° 202, vol. 2, mis en ligne le 17 juin 2023.
Asal, H. (2014). Islamophobie : la fabrique d’un nouveau concept. État des lieux de la recherche. Sociologie, . 5(1), 13-29.
Mayer, N. (2022). IV. Permanence et mutations des préjugés antisémites en France. Dans J. Allouche-Benayoun, C. Attias-Donfut, G. Jikeli et P. Zawadzki L’antisémitisme contemporain en France : Rémanences ou émergences ? 95-116
Lgbt+phobies :
Collectif Cahiers de la LIF. (2025). Rapport 2025 : LGBTIphobies dans l’Enseignement Supérieur et la Recherche en France. Collectif Cahiers de la LIF.
Elchacar, M. et Luna Salita, A. (2018). Les appellations des identités de genre non traditionnelles. Une approche lexicologique. Langage et société, 139-65.
Alessandrin, A. (2016). La transphobie en France : insuffisance du droit et expériences de discrimination. Cahiers du Genre, 60(1), 193-212.