Congé menstruel

🩸 C’est quoi le congé menstruel ?

Le congé menstruel est un droit permettant aux personnes menstruées de s’absenter temporairement de leur lieu d’études ou de travail, en cas de douleurs ou de symptômes liés à leurs règles. Ce dispositif vise à reconnaître une réalité vécue par des millions de personnes, souvent invisibilisée ou minimisée : les règles peuvent être douloureuses, épuisantes, handicapantes, et pourtant, elles sont encore largement taboues dans l’espace public et professionnel.

Le congé menstruel à l’UHA

Après plusieurs mois de campagne menée par la CSTE, le congé menstruel à été généralisé sur tous les campus et toutes les composantes de l’UHA à partir de la rentrée de septembre 2025.

Ce dispositif sera simple, accessible et respectueux de la confidentialité :

🗓️ Chaque étudiant·e pourra bénéficier de 20 demi-journées d’absence justifiables par an pour règles douloureuses ou invalidantes.

🧾 Il ne sera pas nécessaire de fournir un certificat médical. Une attestation sur l’honneur suffira, à transmettre à la scolarité selon les délais indiqués.

🛠️ Le congé menstruel entre dans le régime des absences justifiées pour le contrôle de l’assiduité ainsi que pour les contrôles non programmés.

⚖️ S’il y a contentieux, la Mission égalité-diversité et le Service de Santé Universitaire peuvent être saisis. Seul le Service de Santé Universitaire pourra émettre un avis.

🏥 En cas d’absence pour un examen/partiel ou pour un aménagement plus adapté, il faudra passer par la médecine de l’université ou avoir un justificatif médical.

📄 Ce congé n’est pas disponible pour les étudiant.es en alternance ou en formation continue, qui dépendent du droit du travail (à moins que leur entreprise leur accorde)

Cette victoire est le fruit d’un travail collectif, porté par les élu·e·s étudiant·e·s, les associations militantes, et les témoignages de centaines de personnes concernées.

[Le lien de l’attestation]

Un outil de justice sociale et de santé

Parler de congé menstruel, c’est parler de santé publique, de justice sociale et de conditions d’étude ou de travail dignes.

  • En France, près d’1 personne menstruée sur 2 souffre de douleurs intenses pendant ses règles, selon l’Ifop (2021).
  • 12 à 15 % des personnes menstruées souffrent d’endométriose, une maladie chronique douloureuse souvent mal diagnostiquée.
  • Environ 80 % des personnes menstruées ont déjà utilisé des antidouleurs pour continuer à travailler ou à étudier pendant leurs règles (enquête OpinionWay 2022).

Malgré ces chiffres, les douleurs menstruelles sont rarement prises au sérieux. Trop souvent, les personnes concernées doivent subir en silence, faire semblant, ou s’autocensurer par peur d’être stigmatisées.

Mettre en place un congé menstruel, c’est rompre avec cette injonction au silence, reconnaître la légitimité de ces douleurs, et garantir à chaque étudiant·e ou salarié·e le droit de se reposer quand leur santé le nécessite. C’est aussi un levier pour lutter contre les inégalités de genre dans l’enseignement supérieur comme dans le monde du travail.

Une mesure en développement… encore très inégalitaire

En France, le congé menstruel n’est pas encore reconnu légalement à l’échelle nationale. En janvier 2023, une proposition de loi déposée par plusieurs sénatrices pour créer un droit au congé menstruel a été refusée par le Sénat, au motif qu’elle risquait de “freiner l’embauche des femmes”. Cette décision a été largement critiquée par les collectifs féministes et les syndicats.

Certaines universités ont opté pour des mesures très restrictives, souvent éloignées de l’esprit d’un vrai congé menstruel. À l’Université Toulouse Jean Jaurès ou à l’Université de Bordeaux, par exemple, des dispositifs ont été annoncés, mais ils restent conditionnés à la présentation d’un certificat médical et ne couvrent pas les absences aux examens, limitant donc considérablement leur portée.

À l’inverse, l’Université d’Angers a été pionnière dans la mise en place d’un véritable congé menstruel pour ses personnels, puis étendu aux étudiant·e·s. Le dispositif prévoit plusieurs jours d’absence par an, sans justificatif médical, et il est valable aussi bien pour les cours que pour les partiels, ce qui constitue un exemple inspirant d’un cadre respectueux des personnes concernées et de leur santé.

D’autres établissements, comme Lyon 2, proposent un modèle intermédiaire : six jours par an sur attestation sur l’honneur, mais uniquement pour les cours. Ces dispositifs montrent qu’aucune harmonisation n’existe aujourd’hui, et que l’accès à un congé menstruel dépend encore du lieu où l’on étudie ce qui constitue une inégalité inacceptable et ce pourquoi l’Union Étudiante (dont la CSTE fait partie) défend une uniformisation par le haut.

Pour le soutenir signe cette pétition : [Congé menstruel dans toutes les facs de France !]

La mise en place du congé menstruel à l’UHA est le fruit d’une longue lutte

Début septembre 2023, des élu·e·s de la CSTE portent officiellement la proposition de mettre en place un congé menstruel à l’Université de Haute-Alsace. En réponse à cette initiative, un groupe de travail est constitué par l’université. Il réunit la Direction des ressources humaines, des représentant·e·s des syndicats de personnels, des représentant·e·s des élu·e·s étudiant·e·s, le service de santé universitaire, des représentant·e·s des enseignant·e·s, ainsi que le vice-président en charge de l’égalité, de la diversité et de l’inclusion. Après plusieurs mois de réunions, les discussions aboutissent à un consensus clair au sein du groupe, partagé depuis déjà plusieurs séances : le congé menstruel doit être mis en place sur la base d’une attestation sur l’honneur, sans nécessité de certificat médical. Pourtant, malgré cet accord, aucune mise en œuvre concrète n’est engagée. Face à cette inertie, et pour faire avancer la situation, la CSTE décide, au bout de six mois, de déposer une motion en conseil reprenant les propositions du groupe de travail afin de forcer l’université à passer à l’action.

La motion est mise au vote à la CFVU ( conseil de formation de l’UHA) le 11 juillet 2024 [lien de la motion]

  • Résultat du vote 34 pour 3 contre (3 personnes absentes et sans procuration)

Le résultat est clair : la motion est largement adoptée. Le principe du congé menstruel est ainsi validé, et la suite est désormais définie. Les modalités précises de sa mise en œuvre doivent être travaillées pendant les mois de juillet et août 2024, en lien avec les services concernés, avant d’être présentées au conseil à la rentrée de septembre 2024 pour validation finale.

[Le poste d’annonce du vote de la motion par la CSTE]

Blocage institutionnel, merci les directeurs

Petite surprise de la rentrée : alors que tout semblait prêt pour une mise en place effective du congé menstruel, un blocage inédit et illégitime survient. Les directeur·rice·s de composantes – qu’il s’agisse des écoles d’ingénieurs (ENSISA, ENSCMu), des IUT (Colmar et Mulhouse), des facultés (FST, FLSH et la Business School de l’UHA) décident collectivement de s’opposer à l’application du dispositif, outrepassant largement leurs prérogatives. Le Conseil de la Formation et de la Vie Universitaire (CFVU) est pourtant compétent et souverain en la matière, à l’échelle de toute l’université. Seul le directeur de la FSESJ se positionne favorablement et respecte le vote démocratique émis par la CFVU.

Malgré de nombreux échanges et nos tentatives pour trouver une issue constructive, la situation reste bloquée. Derrière cette obstruction, on retrouve une volonté assumée de refuser toute avancée des droits étudiants, même lorsque celle-ci a été démocratiquement adoptée, dans le cadre notamment en raison du contexte d’élections universitaires. Face à ce mur, et en accord avec le directeur de la FSESJ, une phase test est mise en place uniquement au sein de cette faculté, qui compte près de 2 000 étudiant·e·s. Ce choix permet de tester le dispositif en conditions réelles, tout en maintenant la pression politique sur l’ensemble des composantes de l’UHA.
La phase test démarre officiellement le 19 novembre 2024. [Lien de la page de la FSESJ sur le sujet]

À cette occasion, la CSTE choisit de rendre publique la liste des directeur·rice·s ayant bloqué la généralisation du congé menstruel, dans une logique assumée de name and shame. Dans notre communication de “victoire partielle”, nous exposons les arguments qu’ils et elles ont avancés, et les démontons un par un, preuves et expertise à l’appui. Face au mépris, à la mauvaise foi ou à la frilosité politique, nous continuons de faire vivre le débat, en refusant que les droits des étudiant·e·s soient entravés par quelques responsables conservateurs.

[Le poste d’annonce de la CSTE]

Phase test à la Fonderie et campagne pour l’élargissement

Le congé est donc mis en place à la FSESJ, mais plutôt que de patienter sagement, nous choisissons de poursuivre activement la campagne pour son élargissement. Pour cela, nous mobilisons plusieurs outils : la communication sur les réseaux, la relance de la pétition, les affichages, mais aussi un nouveau format de terrain particulièrement efficace : celui des micro-trottoirs, réalisés directement sur les campus auprès des étudiant·e·s concerné·e·s.

Armé·e·s de notre caméra, de notre micro et de nos questions, nous arpentons les campus de l’université – et même au-delà – à la rencontre des étudiant·e·s, des personnels et des enseignant·e·s-chercheur·euse·s. Qu’ils et elles soient directement concerné·e·s ou non, nous leur posons des questions sur leur expérience des menstruations dans le cadre des études ou du travail, leur avis sur le congé menstruel, ainsi que leur perception du blocage institutionnel et des arguments avancés par les directions.
Au total, ce sont plus d’une cinquantaine de témoignages que nous recueillons, et que nous partageons ensuite sur les réseaux sociaux.

Première vidéo des micro trottoir sur les congé menstruels
Deuxième vidéo des micro trottoir sur les congé menstruels
@cste_68

Le congé menstruel dès la rentrée ? C’est une possibilité, vos élus vont tout faire pour que ça devienne réalité #hautrhin #etudiant #uha68 #syndicat

♬ son original – CSTE
Troisième vidéo des micro trottoir sur les congé menstruels

Avec une moyenne de 300 likes et de plus de 10 000 vues par vidéo, tous réseaux confondus (TikTok, Instagram, Facebook, LinkedIn), ces micro-trottoirs rencontrent un véritable succès. Mais au-delà des chiffres, c’est surtout la qualité des échanges et la force des témoignages recueillis qui marquent. Ils montrent sans ambiguïté que le congé menstruel est largement soutenu par la communauté universitaire. Mieux encore : il apparaît comme un besoin réel, concret et urgent, exprimé par de nombreuses personnes rencontrées sur les campus, qu’elles soient étudiant·e·s, salarié·e·s ou enseignant·e·s. Ce travail de terrain confirme ce que nous portons depuis le début : ce congé n’est pas un luxe, mais une nécessité.

Bilan du test

En mars, la phase test menée à la FSESJ livre ses résultats. Premier constat : la majorité des enseignant·e·s n’ont perçu aucun changement significatif par rapport aux années précédentes. Beaucoup n’étaient même pas informé·e·s que le test était en cours, preuve que le dispositif est discret, non perturbateur et parfaitement intégré au fonctionnement pédagogique. Sur le plan des statistiques, une corrélation claire apparaît : les formations comptant une forte proportion de boursier·e·s et/ou où les absences sont strictement surveillées sont aussi celles où le congé menstruel est le plus mobilisé. Pourtant, aucune hausse globale des absences n’est constatée. Ces données confirment que le congé menstruel répond à une véritable nécessité d’équité sociale : sans ce droit, seules les personnes en situation plus stable peuvent s’absenter sans conséquences, tandis que les plus précaires en particulier les boursier·e·s prennent le risque de perdre ou devoir rembourser leur bourse.

Fort de ce bilan très favorable, nous demandons la remise au vote du congé menstruel en CFVU avec la nouvelle mandature étudiante fraîchement élue en octobre 2024, pour entériner officiellement sa généralisation à l’ensemble de l’UHA dès la rentrée suivante.

Le dernier vote ?

Le sujet est donc remis à l’ordre du jour lors de la CFVU du 24 avril 2025. À cette occasion, la FSESJ présente le bilan de la phase test, largement positif, avant qu’un vote soit proposé pour étendre le congé menstruel à toute l’Université de Haute-Alsace, dès la rentrée de septembre 2025.
Le vote a lieu à bulletin secret il faut croire que certain·es préfèrent ne pas avoir à assumer publiquement leur position sur un droit aussi fondamental. De son côté, l’UNI Mulhouse choisit tout simplement de sécher le conseil, évitant ainsi d’avoir à prendre part au débat ou à s’expliquer face aux étudiant·e·s.

Le résultat, lui, ne laisse aucune place au doute :
27 voix pour, 1 abstention, 6 contre.

Le congé menstruel est officiellement adopté pour toute l’UHA.

[lien du poste d’annonce de la CSTE]

Les Bg d’élu.es de la CSTE qui se sont battu pour la mise en place du congé menstruel à l’UHA.

Et maintenant ?

La victoire est là, mais le combat n’est pas terminé. Il y a désormais plusieurs points de vigilance. Il faudra d’abord s’assurer que le congé menstruel soit effectivement mis en place dès la rentrée 2025, dans toutes les composantes, sans restriction ni interprétation abusive du cadre voté. Il faudra aussi veiller à ce que les étudiant·e·s soient correctement informé·e·s de ce nouveau droit. Enfin, nous savons que certain·e·s responsables locaux tenteront peut-être de freiner ou d’ignorer son application, comme ils l’ont déjà fait auparavant. La CSTE sera donc présente, attentive et mobilisée, pour garantir que cette victoire devienne une réalité concrète, partout à l’UHA.

Mais la lutte continue. Il serait absurde de se satisfaire d’un droit qui ne concerne aujourd’hui qu’une partie restreinte de la population universitaire. À ce jour, les BIATSS, les enseignant·es-chercheur·euses, les étudiant·es en alternance ou en formation continue, ainsi que les étudiant·es en dehors de l’UHA à la HEAR, en lycée, à Praxis, à l’IFSI ou ailleurs restent sans aucune solution. Il n’y a pas de véritable justice tant que ce droit n’est pas pleinement partagé, partout, pour toutes les personnes concernées.
La suite est donc claire : obtenir un congé menstruel pour tou·te·s, dans l’enseignement supérieur, dans les écoles, dans le monde du travail. La victoire à l’UHA est un point d’appui. Elle ne marque pas la fin du combat, mais le début d’une mobilisation plus large, plus ambitieuse et plus collective.

Ça parle du congé menstruel !

Le congé menstruel, une mesure d’égalité en expérimentation au campus Fonderie, L’Alsace, 10 avril 2025. Disponible en ligne : https://c.lalsace.fr/education/2025/04/10/le-conge-menstruel-une-mesure-d-egalite-en-experimentation-au-campus-fonderie

Expérimenté à la Fonderie, le congé menstruel étendu à toute l’Université de Haute-Alsace, L’Alsace, 25 avril 2025. Disponible en ligne : https://c.lalsace.fr/education/2025/04/25/experimente-a-la-fonderie-le-conge-menstruel-etendu-a-toute-l-universite-de-haute-alsace