La CSTE (Communauté Solidaire des Terres de l’Est) est née le 29 septembre 2020, dans un contexte de crise multiple.
À l’échelle nationale, la France sortait du premier confinement lié au Covid-19. Les étudiant·es, souvent isolé·es dans des chambres de 9 à 18 m², ont été complètement ignoré·es par les politiques publiques. Cette période a renforcé un sentiment d’abandon.
En parallèle, les universités étaient secouées par deux mouvements majeurs : la mobilisation contre la réforme des retraites, débutée le 5 décembre 2019, et celle contre la Loi de Programmation de la Recherche (LPR). À Mulhouse, des assemblées générales étudiantes émergent, où un constat s’impose : nous n’avions aucun outil de défense collective.
Le campus de la Fonderie illustrait ce désengagement : fermeture du RU, suppression du parking, disparition des services essentiels… L’idée d’un syndicat étudiant a commencé a émerger lor d’une AG de la LPR celle du 6 mars 2020.
Tous ces projets ont été avortés, ou plutôt repoussés, suite au confinement dû au Covid, mais l’idée est restée …
La première année de la CSTE 2020-2021
Ainsi, dès la rentrée, un petit groupe s’est formé, composé principalement d’étudiant·es en histoire et en science politique, dans le contexte des élections universitaires. Ce qui avait commencé comme une blague a finalement abouti à une assemblée générale, tenue le 29 septembre dans le local d’Hérodote, et qui donna naissance au premier bureau :
Le premier bureau de la CSTE, élu lors de l’assemblée générale fondatrice du 29 septembre 2020, était composé de Shola Bamgbose à la présidence, Romaric Leguen à la vice-présidence, Léa Melo et Éléonore Schmitt au secrétariat, Laura Winninger et Mathilde Weber à la communication, Axel Renard aux relations extérieures, Chloé Laffont et Victor Henon-Hilaire à la trésorerie, et enfin Pia Polat et Marie Garmadi à l’événementiel.
Les débuts de la CSTE sont marqués par une première participation aux élections étudiantes du 13 octobre 2020, seulement deux semaines après sa création. Le syndicat présente des candidatures à la CFVU (Conseil de la Formation et de la Vie Universitaire) à la Fonderie, ainsi qu’au Conseil d’Administration (CA) de l’université.
Au CA, la liste soutenue par la CSTE arrive largement en tête avec 49 % des voix, contre 26 % pour la FAGE et 23 % pour une liste indépendante, dont la tête de liste rejoindra par la suite la CSTE.
Ces résultats marquent un tournant : la participation aux élections au CA passe de 2,4 % en 2018 à 14,33 % en 2020, témoignant d’un net regain d’intérêt pour la représentation étudiante.
Peu après, le second confinement est décrété. Malgré la fermeture des campus et les couvre-feux, la CSTE poursuit son engagement et obtient la Vice-présidence étudiante, confiée à Éléonore Schmitt.

L’identité de la CSTE

La CSTE a une identité particulière. Au milieu des organisations étudiantes aux noms classiques comme “Union machin” ou “UNEF truc”, la CSTE a, dès sa création, choisi un nom à part. Parti d’une blague et de références douteuses, ce nom doit aujourd’hui être assumé par les générations qui reprennent le flambeau. Pourquoi CSTE ? Communauté Solidaire des Terres de l’Est est une référence au Seigneur des Anneaux, entre la Communauté de l’Anneau et la Terre du Milieu. Le mot “solidaire” a été ajouté pour rappeler les valeurs que porte l’organisation.
Même logique pour le logo : à l’origine, l’idée était de reprendre l’inscription autour de l’Anneau unique. N’ayant pas les compétences pour reproduire fidèlement l’écriture elfique, cela s’est transformé en un motif abstrait, répété trois fois en rouge, vert et jaune, imbriqué les uns dans les autres. Avec pour sens : pas d’écologie sans social, pas de social sans démocratie.
Enfin, le violet, très présent dans notre communication, a été choisi comme couleur principale car il combine une symbolique forte avec une absence d’utilisation par les autres syndicats ou partis politiques. Le violet étant historiquement associé aux luttes féministes, ce choix faisait sens.
Le Second confinement
Le 28 octobre 2020, Emmanuel Macron annonce le déclenchement d’un deuxième confinement national. Cette fois, la CSTE ne reste pas inactive. Fort·es de l’expérience du premier confinement et conscients des manques criants qu’il avait révélés, nous savions ce qu’il fallait anticiper : isolement, précarité, rupture du lien universitaire.
Mais, à la différence du printemps, nous disposions désormais d’un outil pour nous organiser collectivement : le syndicat.
Durant ce second confinement, la CSTE met en place plusieurs actions concrètes. La première est le lancement d’une enquête sur la condition étudiante, avec un double objectif : faire remonter les besoins réels des étudiant·es et disposer d’un document solide pour interpeller les instances publiques.
L’enquête reçoit plus de 800 réponses, mêlant données quantitatives et qualitatives. Elle met en lumière des difficultés majeures : précarité matérielle, isolement, manque d’informations, rupture du lien universitaire, détresse psychologique…
Ce travail va permettre à la CSTE d’obtenir des avancées concrètes :
- La mise en place de distributions alimentaires,
- Un meilleur suivi individuel pour les étudiant·es en difficulté,
- Et le début d’une réelle prise en compte des questions psychologiques au sein de l’université.



Les derniers déconfinés
Un mois, deux mois, trois mois de confinement, puis le couvre-feu, puis les cours en distanciel… Le temps s’étire, et la situation devient de plus en plus intenable, en particulier pour les étudiant·es vivant dans des logements exigus, inadaptés, parfois sans accès stable au numérique ou à un environnement de travail correct.
Face à cette lassitude et cette détresse grandissante, la CSTE décide, début janvier, de publier une lettre ouverte au Président de la République. Le texte fait mouche : il est publié dans Mediapart, relayé par Libération, et suivi d’une pétition signée par des milliers de personnes.
Très vite, les médias s’emparent du sujet, et une tournée de plateaux commence
À la suite de la lettre ouverte, Quotidien débarque à Mulhouse pour filmer le quotidien des étudiant·es confinés entre quatre murs, seuls face au distanciel. Quelques jours plus tard, Shola, présidente de la CSTE, est invitée en direct sur le plateau.
Ensuite, on passe sur les plateaux de France 3, L’Alsace, LCI, etc. Les médias se succèdent, mais dans le fond, rien ne bouge vraiment. Alors, une idée commence à faire son chemin : se mobiliser, puisqu’on ne nous écoute pas.



Le début du zbeul
À ce moment-là, la CSTE s’est déjà rapprochée de l’Alternative, une fédération de syndicats locaux qui, à l’instar de la CSTE, affirment une forte identité ancrée dans leurs territoires. On y retrouve notamment l’Union Pirate, l’UET, l’UEY, l’Écharde, Assos’Action, ou encore l’Alternative UBO.
Dans la foulée de la tournée médiatique, la CSTE s’associe à l’appel à mobilisation lancé par l’Alternative pour le 26 janvier, réclamant :
- le retour du repas à 1 € pour toutes et tous,
- et un vrai retour sur place, accompagné et sécurisé, dans une période encore marquée par l’instabilité sanitaire.
C’est la première fois que la CSTE, en tant que telle, participe à une manifestation. On commande des stickers, des drapeaux, et on fait avec les moyens du bord : une banderole maison, faite main, bricolée ensemble. Le 26 janvier après-midi, on se donne rendez-vous sur la place Franklin.




La mobilisation du 26 janvier est réussie : on est près de 300 réuni·es sur la place Franklin. Il y a des prises de parole, des pancartes marquantes, de belles photos. Pourtant, malgré cette mobilisation, la réouverture des universités se fait attendre. À la FLSH, les étudiant·es ne pourront quasiment jamais retourner en cours en présentiel, alors que dans d’autres composantes, comme la FSESJ, le retour sur place s’organise plus tôt.
La fin de l’année est marquée par de nouvelles mobilisations. La CSTE est également moteur dans la manifestation en soutien au peuple palestinien, ainsi que dans une mobilisation sur la question des Ouïghours, apportant sa contribution aux luttes internationales portées par la jeunesse.



La deuxième année de la CSTE 2021-2022
La deuxième année de la CSTE est marquée par le renouvellement quasi total du bureau. À l’issue de l’assemblée générale de rentrée, une nouvelle équipe prend le relais, avec à sa tête Mathilde Weber en tant que présidente et Romaric Leguen reconduit à la vice-présidence. Le bureau s’élargit avec l’arrivée d’étudiant·es d’autres composantes, notamment de la FLSH, traduisant une volonté d’ouverture plus large à l’échelle de l’université.
La trésorerie est confiée à Victor Henon-Hilaire, la solidarité à Maëlle Ritchi, tandis que la communication est portée collectivement par Julien Britten, Lya Klenkle, Lou Frouslin et Manon Denizot. La responsabilité des relations extérieures est partagée entre Axel Renard et Margot Soubriez. La partie événementielle est assurée par Julie Lambrech, et le secrétariat est réparti entre Sara Beauvoi, Baptiste Duprez, Maya Chapuis et Marylin Carretero.
Avec la fin progressive des confinements, un nouveau mot d’ordre s’impose : réinvestir les campus. Après des mois de gestion de crise et de mobilisation à distance, la priorité devient le retour à une présence active sur le terrain, en renforçant les actions, la visibilité et l’ancrage local du syndicat.
C’est une période de reprise de l’élan militant pour la CSTE. Les manifestations reprennent, les Purple Night voient le jour : des soirées étudiantes organisées par la CSTE, pensées comme accessibles, festives et safe, en rupture avec les soirées classiques souvent excluantes ou coûteuses. C’est aussi le moment d’un passage de relais à la vice-présidence étudiante de l’UHA, où Éléonore Schmitt cède la place à Axel Renard, assurant ainsi la continuité de la présence de la CSTE dans les instances universitaires.
À l’échelle nationale, la CSTE continue de tisser des liens avec d’autres organisations : plusieurs militant·es participent aux rencontres nationales de l’Alternative à Toulouse Le Mirail, un temps fort de formations, de débats et de partage d’expériences. Enfin, c’est aussi à cette période que la CSTE obtient son premier local sur le campus Fonderie, un lieu pour s’organiser, se retrouver, et continuer à faire vivre la dynamique collective.



Élection Crous 2022
Début 2021, c’est la première participation de la CSTE aux élections du CROUS. En face, l’UNI. Bon, ça ne va pas être une grande difficulté… toujours les mêmes petit·es bourgeois·es racistes déconnecté·es, forcément ça n’aide pas dans une élection pour une instance qui gère les bourses, les restos U, les cités U, etc.
C’est aussi la première fois que la CSTE mène campagne sur tous les campus, y compris ceux en dehors de l’UHA. , Éléonore Schmitt, ancienne de la CSTE, désormais à Strasbourg, est elle aussi élue au CROUS de Strasbourg, sur la circonscription du Bas-Rhin avec l’AES.


La première Pride de Mulhouse

En 2022, alors que le pays est pris dans l’agitation des élections présidentielles et législatives, nous avons décidé de lancer un projet que beaucoup disaient impossible : organiser la première Pride de Mulhouse.
Notre constat était simple : Mulhouse est l’une des rares grandes villes sans marche des fiertés, alors même que ces événements sont essentiels pour la visibilité des personnes LGBTI+, pour revendiquer nos droits, pour sortir du placard collectivement, et surtout, prendre notre place dans l’espace public.
Face au défaitisme de certains collectifs traditionnels, qui présentaient le projet comme irréalisable, nous avons choisi de ne pas attendre. Portée par Margot pour la CSTE, en lien avec le syndicat lycéen local, cette Pride est partie de la Fonderie jusqu’au parc Salvator, où l’on a prolongé le moment autour d’un after festif et militant.
Plus de 300 personnes ont répondu présentes. Une première marche, à taille raisonnable certes, mais pleine de détermination et de fierté. Et surtout, une preuve de plus que quand on n’attend pas la permission, on peut ouvrir la voie.



Compilation de moments de l’année






La troisième année de la CSTE 2022-2023
En mai 2022, la CSTE élit pour la première fois un bureau d’été, composé d’Axel Renard (président), Alex Hoisne (vice-président·e), Manon Denizot (secrétaire général·e), Manon Ledreux (trésorière), Emma Alain (secrétaire), Manon Delorme (responsable communication), Marylin Carretero (responsable événementiel), Benzaine Mansouri (responsable solidarité) et Feryal Schreiber (responsable discriminations). Ce fonctionnement permet de constituer une équipe structurée et opérationnelle pour organiser la rentrée, tout en incluant des personnes qui ne pourront pas s’engager sur l’année entière. C’est aussi la première fois que la CSTE met en place une rentrée complète, avec des tournées d’amphi sur tous les campus, du tractage massif, des réunions de rentrée et une forte présence militante. Cette rentrée marque un tournant dans l’organisation et la visibilité de la CSTE, notamment grâce à des campagnes visuelles percutantes : l’affiche remixée de Stranger Things sauce Macron/Darmanin, l’affiche Heartstopper aux couleurs LGBTI+ friendly, et de nombreux visuels engagés qui ont contribué à faire de cette rentrée un moment fondateur pour la communauté.
Courant octobre, le bureau définitif est acté, intégrant de nouvelles personnes : Nathaël Aliaga (secrétaire), Claudepierre Marion (trésorière), Thibault Delgrande (responsable communication) et Vincent Flory (responsable événementiel) viennent renforcer l’équipe. Avec Nathaël venant de la Faculté des Sciences et Techniques (FST), Marion de l’école de Praxis, et Thibault de l’IUT de Mulhouse, la CSTE devient de plus en plus diffuse et représentative de l’ensemble des campus, affirmant sa volonté d’être un véritable réseau solidaire à l’échelle de toute l’université.

Le début du projet de distribution des culottes menstruelles

À la rentrée 2022, la CSTE lance également son premier grand projet structuré : la distribution de culottes menstruelles gratuites. Financé par la Ville de Mulhouse, la CAF du Haut-Rhin (CAF68) et Mulhouse Alsace Agglomération (m2A), ce projet marque une étape importante dans le développement de l’association. Il demande l’acquisition de nouvelles compétences : organiser des distributions sur plusieurs campus, gérer les stocks, assurer la logistique, mais aussi mettre en place une formation spécifique sur les enjeux liés aux menstruations. L’objectif est de pouvoir accompagner au mieux les personnes menstruées venant chercher leur culotte gratuite : en leur apportant des informations sur les différents types de flux, la précarité menstruelle, les risques liés au syndrome du choc toxique, et bien d’autres sujets encore. Un peu plus de 1 000 culottes ont été distribuées dans le cadre de ce projet toujours actif, qui fait aujourd’hui l’objet d’une fiche détaillée de présentation :
Les élection des conseil centraux de l’UHA
Les élections aux conseils centraux de 2023 marquent un tournant décisif dans l’histoire de la CSTE comme dans celle de l’Université de Haute-Alsace. Jusqu’à cette date, la CSTE ne comptait que 4 à 5 élu·es dans les instances centrales, ce qui ne permettait pas de peser politiquement de manière significative. Ces élections sont donc préparées avec une grande rigueur, avec une liste de candidat·es représentatif·ves de l’ensemble des composantes y compris l’ex-FMA et de tous les types de formation : licences, masters, BUT, écoles d’ingénieur·es, CPB, doctorats. La liste réunit également une grande diversité de profils : responsables de BDE, étudiant·es internationaux·ales, personnes engagées issues à la fois de Mulhouse et de Colmar.
Grâce à une campagne soigneusement organisée, dotée de visuels percutants, de tracts clairs, et d’une forte présence sur le terrain, la participation étudiante atteint un record historique, malgré un désintérêt quasi total du reste de la communauté universitaire. Il faut souligner que ces élections se tiennent en pleine période de vacances pour les deux principales facultés de l’université (FLSH et FSESJ), ce qui aurait pu désavantager la mobilisation. Pourtant, c’est un raz-de-marée électoral : la CSTE remporte 21 sièges sur 26 dans les conseils centraux de l’UHA, devenant ainsi la première force étudiante de l’université.

Le mouvement contre la reforme des retraite
L’élément central de l’année 2023 a été sans conteste la réforme des retraites. Portée par le gouvernement, cette réforme visait notamment à reculer l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans, allongeant la durée de cotisation et pénalisant particulièrement les personnes ayant commencé à travailler tôt, celles aux carrières précaires, ou encore les femmes. Dès le début du premier semestre, le plus grand mouvement social du XXIe siècle en France se profile. Nous le savions, et c’est pourquoi, dès la rentrée et tout au long du semestre, nous avons mené une campagne d’information pour expliquer les conséquences de cette attaque antisociale, et en quoi elle concernait tout le monde y compris nous, étudiant·es. Non seulement parce qu’elle creuse les inégalités, mais aussi parce qu’elle envoie un message clair : nous serons la génération sacrifiée si nous ne réagissons pas. À travers affichages, tracts, réunions publiques, et prises de parole, la CSTE s’est pleinement inscrite dans ce mouvement de mobilisation historique.

La CSTE va réussir à mobiliser jusqu’à 300 à 400 jeunes en manifestation, en utilisant tous les moyens possibles pour politiser, mobiliser et conscientiser. On organise des assemblées générales régulières, parfois en lien avec d’autres syndicats présents à l’université. Ces AG ne sont pas juste des temps de discussion : elles débouchent souvent sur de véritables actions, comme des blocus.
C’est ainsi que s’est organisé le premier blocage de la Fonderie, d’abord ponctuel, puis étendu sur presque trois semaines au total. Et loin des clichés sur les mouvements étudiants, ces blocages se font dans une ambiance militante mais joyeuse : BBQ, débats, musique, danse, tout y est. On bloque, oui mais on vit, on débat, on construit du collectif.






La création de l’Union Étudiante
En même temps que la mobilisation contre la réforme des retraites gagnait du terrain en 2019–2020, un rapprochement s’est opéré entre l’Alternative, fédération de syndicats locaux de terrain, et plusieurs sections dissidentes de l’UNEF. L’Alternative, en pleine expansion, offrait une alternative concrète à la FAGE : un syndicalisme de terrain, combatif, et ancré dans la réalité étudiante.
Visant à construire une organisation capable de rivaliser avec la FAGE, ce rapprochement a conduit à la création de l’Union étudiante. Cette nouvelle fédération, inspirée du modèle d’Alternative (structure fédérale, autonomie locale, mais désormais équipe nationale plus étoffée), est une recomposition majeure du syndicalisme étudiant.
La création officielle de l’Union étudiante a été annoncée le 4 avril 2023, avec un congrès fondateur les 22 et 23 avril 2023. Sa particularité : fusionner l’Alternative et 17 sections locales de l’UNEF, tout en promettant une nouvelle dynamique militante.
La CSTE en a été membre fondatrice. Nous avons soutenu activement cette recomposition syndicale, convaincu·es qu’il fallait un espace représentatif, audacieux, et enraciné dans les territoires pour porter les luttes étudiantes.



Compilation de moments de l’année






La Quatrième année de la CSTE 2023-2024
Nouvelle année, nouveau bureau. Comme l’année précédente, la CSTE a choisi de fonctionner en deux temps : un bureau d’été pour préparer la rentrée, puis un bureau courant officialisé à l’automne. La rentrée 2023 s’annonce immédiatement marquante : durant l’été, une décision de justice réduit, en appel, la peine de Bertrand Pauvert, enseignant à la FSESJ précédemment condamné pour harcèlement sexuel, de trois à un an d’interdiction d’exercer. Ce délai étant écoulé, il est donc autorisé à revenir enseigner, suscitant une vive émotion sur le campus.
C’est dans ce contexte que se met en place le bureau d’été, composé de Manon Denizot (présidente), Tiphaine Schrenck (vice-présidente), Quentin Berneschi (trésorier), Marylin Carretero (secrétaire), Mathieu Bellegueulle (secrétaire général), Alex Hoisne (responsable discriminations), Khouloud Ayari (responsable solidarité), Léa Bouzanquet (responsable événementiel) et Axel Renard (responsable intégration et formation). Ce bureau assure le relais pendant l’été et permet d’organiser une rentrée structurée, marquée par une communication importante et un retour fort sur les campus.
À l’automne, un bureau courant prend le relais, conservant la majorité de l’équipe précédente avec quelques renouvellements : Lina Hagelstein devient responsable événementiel, Sidney Brember intègre le pôle discriminations, Luna Peron prend la responsabilité de la communication, et Élise Gebes celle de la solidarité. Ce nouveau bureau poursuit les projets engagés tout en assurant la continuité des actions menées sur l’ensemble de l’année universitaire.

La mobilisation contre Pauvert (TW VSS)

Bertrand Pauvert était un enseignant de droit à la Fonderie, connu depuis des années pour ses méthodes d’enseignement « particulières » – un euphémisme pour dire que c’était un gros dégueulasse qui aimait humilier ses étudiant·es. En 2021, il est suspendu par le président de l’université suite à une lettre signée par plusieurs étudiant·es de droit dénonçant son comportement. En juillet 2022, il est condamné en première instance à un an de prison avec sursis et trois ans d’interdiction d’enseigner pour harcèlement sexuel
En appel, il est relaxé pour quatorze des quinze faits, et sa peine est réduite à six mois de sursis et un an d’interdiction d’enseigner. Et forcément, comme la peine tombe, au bout d’un an il peut de nouveau remettre les pieds dans un amphi.
On parle de propos “graveleux” etc mais concrètement c’est quoi ?
En 2018, Bertrand Pauvert aurait par exemple simulé une sodomie derrière un étudiant appelé au tableau, illustrant selon lui «l’attitude de l’Europe à l’égard de la France»
A un même étudiant : « Si je vous mets dans une cave avec sept mecs… un bilboquet… Vous ne savez pas ce qu’est un bilboquet ? C’est une boule et un trou. » Et un autre jour : « Oh tu vas trop vite, c’est d’ailleurs ce que ta meuf m’a encore dit hier soir. »
Il aurait aussi évoqué le viol en cours et conseillé aux étudiantes de «prendre du plaisir» et de «ne pas en rajouter». Voila donc clairement pas le genre de personnage qu’on veut voir revenir dans un amphi.
C’est bien beau tous ça mais quand-est-ce qu’on bloque ?
Pour endiguer ce problème, on a décidé de lancer une campagne dès la rentrée : interventions en amphi, affiches, communication ciblée… et pas seulement à la Fonderie, d’où venait le prof en question, mais sur tous les campus, et même au-delà. En parallèle, une pétition est lancée pour exiger qu’il ne puisse plus jamais enseigner : elle atteint rapidement les 5 000 signatures et circule partout, relayée dans des dizaines de facs en France. Le 3 octobre, une grande Assemblée Générale est convoquée pour décider collectivement de la suite. Avec près de 200 personnes présentes étudiant·es, enseignant·es, doctorant·es le sujet est clairement au cœur des préoccupations. Après deux heures de débat, la décision est unanime : on bloque.
Le blocus décidé, on ne prend personne par surprise : communiqué de presse, posts, mails… tout le monde est averti. En parallèle, on propose une journée alternative, avec des cours militants, des temps en non-mixité, et des espaces d’échange sur les questions de VSS à l’université, mais aussi plus largement. Le jour du blocus, le 4 octobre, n’est pas choisi au hasard : c’est le jour exact où Bertrand Pauvert peut officiellement revenir enseigner. Dès 4h30 du matin, le matos est installé : poubelles, tonnelles, pneus, banderoles… tout est en place. À 6h, BFM Alsace arrive, filme l’installation et reste quasiment toute la journée pour suivre la mobilisation. On accueille aussi Alterpresse, les DNA, et d’autres médias.
À 8h, les étudiant·es et le personnel commencent à arriver. Les L1, qui pensaient que c’était du bluff, tombent des nues ; les autres promos, elles, sont bien moins surprises. Une masse se forme, ça débat, ça échange, notamment sur l’impact d’un blocus (fun fact : s’il y a 3 télés et autant de journaux, c’est que le blocus marche). Et tout le monde est d’accord sur le fond : le retour de Pauvert, c’est non.
Éléonore Schmitt, devenue entre-temps porte-parole de l’Union Étudiante, revient sur son campus d’origine pour soutenir la lutte. La CGT débarque comme dans un épisode de l’Agence Tous Risques, avec barbecue, saucisses, brochettes, et légumes à griller. On a même la visite du président de l’université, venu échanger sur la situation, les revendications et ce qui peut être mis en place.
La journée s’enchaîne : formations, discussions, prises de parole… L’objectif est atteint : toute la presse locale, et même plusieurs médias nationaux, titrent sur l’affaire Pauvert et sur la mobilisation étudiante qui bloque



Et le bilan ?
Suite à la mobilisation, tout le monde attendait les décisions à venir : celle de la commission disciplinaire universitaire, délocalisée à l’IUT de Montbéliard, ainsi que les appels déposés à la Cour de cassation à la fois par Pauvert et par l’université. Les résultats vont dans le sens de la mobilisation : Bertrand Pauvert est révoqué de son statut de maître de conférences en décembre 2023, une décision qui sonne comme une victoire pour tous ceux et celles qui se sont battu·es. En mars 2025, la Cour de cassation marque un tournant en consacrant l’existence d’un « harcèlement sexuel d’ambiance ». Elle affirme que des propos sexistes, même sans cible directe, tenus publiquement en amphithéâtre, peuvent constituer un délit. C’est le sens de l’arrêt de la chambre criminelle du 11 mars 2025 dans l’affaire Pauvert, accusé par de nombreuses étudiantes pour une quinzaine de remarques humiliantes ou sexistes pendant ses cours. L’affaire est donc renvoyée devant une autre cour d’appel pour être rejugée. Enfin, Bertrand Pauvert ayant aussi fait appel de sa révocation devant le CNESER, l’affaire n’est pas encore totalement close.
Lutte Contre la précarité, des tentes, les bourses et le Crous
L’année 2023 débute avec une mobilisation forte autour de la précarité étudiante, et plus particulièrement du mal-logement. L’Union Étudiante publie en août un rapport national intitulé Toujours plus mal logé·es, toujours plus cher, auquel la CSTE a contribué. Alors que le CROUS envisage de dégeler les loyers et que de plus en plus d’étudiant·es peinent à se loger dignement, la CSTE lance sa campagne de sensibilisation sur les campus. Pour marquer les esprits, des tentes sont installées symboliquement devant les bâtiments universitaires afin de visibiliser la réalité du mal-logement étudiant. Tracts, affiches et échanges directs avec les étudiant·es complètent l’action, avec un message clair : il est temps de garantir à chacun·e un logement digne et accessible.




Dans la continuité de notre mobilisation contre la précarité, février 2024 marque un autre temps fort : les élections aux conseils d’administration des Crous. Déjà titulaires d’un siège pour la circo du Haut-Rhin, on remet notre mandat en jeu. Mais cette fois, ce n’est pas juste une élection locale : c’est un enjeu national.
Partout en France, les étudiant·es vont voter pour élire celles et ceux qui siégeront dans ces instances qui décident des bourses, des restos U, des cités U… En face, on retrouve l’UNI, qui comme d’habitude sort de son terrier une fois par an pour faire campagne.
Et puis, l’Unef, qui a décidé de déposer une liste fantôme, sans programme, sans rien. Spoiler : on leur a roulé dessus. On était les seul·es à avoir un vrai projet, une vraie campagne, une vraie présence sur le terrain. Résultat : on gagne, et on continue à siéger pour défendre les droits des étudiant·es les plus précaires, avec des élu·es qui bossent et des idées claires.
Dans la foulée des élections Crous de février 2024, l’Union Étudiante réalise une percée historique. Elle passe de troisième organisation étudiante à première au niveau national, en remportant 64 sièges dans les conseils d’administration des Crous et en envoyant 3 élu·es au Cnous (Conseil national des œuvres universitaires et scolaires). Une progression inédite, qui marque la fin du monopole des vieilles structures syndicales déconnectées. Cette victoire confirme le tournant amorcé depuis la création de l’Union Étudiante : une implantation solide, un engagement constant sur le terrain, une parole claire et des campagnes portées par des militant·es au contact des étudiant·es.
À Strasbourg, cette dynamique prend un tournant local décisif. L’AES (Alternative Étudiante Strasbourgeoise) décroche 2 sièges, EMF en obtient 1, et surtout, l’AFGES perd sa majorité absolue pour la première fois depuis plus d’une décennie, se retrouvant à égalité avec notre camp (AES + CSTE). Une situation inédite qui nous permet de tenter un coup jusque-là impensable : présenter une candidature à la vice-présidence étudiante du Crous de Strasbourg. Et cette fois, ça passe. Résultat : l’AFGES perd la VPE, une position qu’elle occupait sans interruption depuis plus de dix ans. Une victoire politique majeure, qui prouve que les temps changent et que les arrangements d’appareil ne résistent pas face à des organisations réellement implantées, combatives et représentatives.

Compilation de moments de l’année














